lundi 2 mars 2009

Lundi 16 février 2009 - Annick Wilmotte

Voici notre dernier jour à Utsteinen! Que tout est vite passé!
Jacques conduit un petit groupe intéressé par les activités scientifiques vers le lac situé en face de la base, au pied du nunatak. Là, Jeroen et Steve doivent faire une démonstration de forage dans la glace.

Malheureusement, l'extrémité de la vrille est couverte de glace et Jeroen doit remonter à la Station pour casser la glace avec un marteau. Entretemps, Cyrille présente les collemboles et acariens, à la fois sur une pierre ramassée à Utsteinen et dans ses petits pots d'alcool. Il explique aussi leur biologie et leur évolution. Entretemps, Jeroen revient et le forage peut commencer. De l'eau jaillit, mission accomplie! Ensuite, je parle de la diversité des microorganismes et du projet BELSPO BELDIVA, pour lequel nous sommes venus. Il y a des journalistes de plusieurs organes de presse qui sont venus: Reuter, AFP, Al Jazeera, VRT et La Première... et des interviews ont lieu. Pascale, la journaliste de la RTBF et le caméraman du service média de l'armée m'accompagnent sur le début de l'arête rocheuse pour que je puisse montrer des boules noires de mousse et répondre à des questions. J'aurais voulu mieux trouver les bons mots, mais étant fatiguée, je n'ai pas trouvé l'exercice facile. Encore une discussion avec le journaliste de Reuter, puis je cours finir mes bagages. Tout va si vite, que je n'ai même pas le temps de relire son texte, qu'il voulait taper en 20-30´mins pour que je vois si j'étais bien d'accord. Finalement, nous n'avons rien su de ce qui s'est dit sur les ondes et antennes en Belgique et ailleurs. La connection satellite de la station ne marche toujours pas, et les journalistes galèrent un peu pour envoyer leurs reportages. Heureusement, la solidarité joue et le journaliste de l'AFP me dit que c'est grâce à son concurrent de Reuter qu'il a pu envoyer sa contribution. Quand à moi, je cours pour ramener mes sacs pour 14H15, heure de départ des traineaux, et nettoyer le container scientifique. J'oublie mes chaussettes en train de sêcher dans le 'Drying room', évidemment.
Olivier a mis deux grands traineaux en face de la tente bureau pour prendre les bagages et les personnes avec le Prinoth vers le terrain d'aviation. Michel distribue un tee-shirt commémoratif de l'inauguration et une bouteille à remplir avec la glace de la Station. Peut-on en attendre des miracles? Après tout, avoir vécu cette expérience du travail de terrain à Utsteinen me semble un privilège exceptionnel, comme je le dis à Alain en lui disant merci et au revoir.. Un miracle de la Vie!
Dans la tente bureau, je vais vite demander à Gigi le tampon de la Station sur mon passeport et elle me remet un certificat de participation à la cérémonie d'inauguration.
Et voilà, le traineau s'ébranle puis stoppe car on crie, Steven n'est pas encore monté, arrêtez!




Nous sommes 13 à partir, BELDIVA, Conrad, Sébastien et Thomas, Benoit, Dominique, Steven et nos guides de haute-montagne Alain et Benoit. Deux des bâches de l'exposition Protect77 nous accompagnent ainsi que notre congélateur.

D'autres personnes sont venues de la station pour dire au revoir et donner un coup de main. Vers 16H, nous arrivons à l'aéroport de Novo, où la neige qui enterrait presque les tentes à l'aller a complètement disparu. Le logisticien russe nous fait mettre des autocollants de couleur sur le 'cargo', et nous guarantit qu'il connecte le congélateur au réseau.


Nous faisons un brin de conversation avec Jan, notre pilote favori. Il dit que le vol en Antarctique requiert pas mal d'expérience et qu'il est difficile de trouver des jeunes pilotes, bien qu'ils soient bien payés. Il y a plein des problèmes spécifiques dûs aux basses températures, et qu'il faut connaître. Par exemple, il nous explique qu'à l'atterissage, les skis s'échauffent très fort. C'est pour cela que l'avion s'arrête une minute près de sa place de 'parking', puis repart quelques mètres plus loin. Entretemps, les skis ont refroidi et ne vont plus provoquer la fonte de la glace autour d'eux, glace qui les emprisonnerait dès qu'elle aurait regelé. Vu qu'on parle beaucoup au Comité de Protection Environnemental des problèmes liés au nombre croissant de touristes et de la diversification des activités (kayak, alpinisme, ...), et du fait que cela augmente les risques d'accidents, je lui demande s'il a déja dû intervenir pour une opération de secours. C'est le cas, mais pour un membre de l'expédition Shackelton. Jan s'est rendu sur les lieux, trop distants pour y aller avec un seul plein. Il devait donc reprendre du fuel en chemin. D'abord, il ne voit pas les fûts, puis en tournant, il repère un peu de couleur orange et verte et reprend du carburant. Arrivé au-dessus des blessés, il trouve que le terrain n'est pas suffisamment plat pour un atterissage. Il retourne à l'aéroport, en épuisant les derniers fûts de fuel. Entretemps, l'expédition s'est déplacée vers un terrain qui semblait meilleur. Après un nouveau dépôt de fuel, l'avion re-décolle, s'arrête au dépot puis finit par atterir près du blessé qu'il reprend. Jan dit que c'est parfois tentant de vouloir essayer d'atterir en comptant sur la chance, mais qu'il y résiste car s'il arrive quelquechose à l'avion, la personne à évacuer a encore moins de probabilité de s'en sortir, et il y a des blessés en plus et un avion cassé! Ensuite, Jan repart pour la station norvégienne de Troll où il va chercher trois personnes le soir. L'une d'elle parle français et s'avère être un italien qui travaille pour une société wallonne pour le réseau européen de GPS, Galileo. Il allait inspecter si les travaux faits à Troll étaient adéquats, et parcourt ainsi le monde. Il dit que ce nouveau réseau GPS pourrait commencer l'an prochain.
Nous occupons la tente mess et profitons du séjour à Novo pour échanger des photos, finir des blogs, etc... En parlant avec Benoît, je réalise que c'est lui, la personne qui avait publié dans Valériane une étude montrant qu'isoler un batîment permet des économies plus importantes que les panneaux solaires. J'avais lu son article en trouvant intéressant que quelqu'un ait fait une étude là-dessus, puis avais entendu son interview le matin par Sophie Brems qui avait ajouté qu'il partait justement pour la Station antarctique. Benoît me dit qu'il a pris une pause carrière pour pouvoir venir travailler à Utsteinen, chapeau! La TV russe marche de manière permanente dans la tente mess à Novo. C'est comique, car même sans comprendre le language, les images attirent l'attention. Ce doit être une fascination pour les images qui bougent.

Annick Wilmotte

1 commentaire:

  1. Bonjour à tous,

    Je me suis passioné pour votre article, et d'autant plus qu'il parlait (entre autres bien sûr) d'aviation.
    Je commence dans la vie, et voilà de nombreuses annés que je souhaite aller travailler en Antarctique, d'une part pour l'aventure, d'autre part, pour découvrir une nouvelle manière de vivre dans ces lieux reclus, avec d'autres hommes.
    Je m'interesse tout particulièrement, vous avez dû le comprendre, à l'aviation. J'entreprends une formation de pilote privé, et j'ai cru comprendre d'après Mr Jan que ceux ci étaient rares dans la région. Ainsi donc, si ils vous était possible de me communiquer un maximum d'informations sur ces divers sujets, je vous en serai très reconnaissant. Je garde bien sûr à l'esprit que pilote en Antarctique relève d'une grande expérience, et qu'il me faudra de nombreuses années avant d'y arriver.

    En vous remerciant d'avance

    Jo

    Mon adresse e-mail: ziorek@trashmail.net

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