Il faut vite ranger nos sacs de couchage, bagages personnels.., car déjà les gars veulent rentrer pour le petit déjeuner. Il a fait très froid, les sacs de couchage sont mouillés par la condensation et le vent a fait claquer les toiles des tentes la nuit. Bref, Karolien et moi avons eu bien de la chance.
Brattnipane a la forme d'un homard, dont les pinces s'ouvrent en direction de la côte. Gigi nous avait prévenu que l'endroit était très venteux. Elle a mille fois raison! Le vent continue, et va nous accompagner toute la journée. Il soulève des nuages de neige, parfois même comme une petite tornade qui se déplace. Ces rafales nous font chanceler, rapent la peau comme du papier émeri (un peeling gratuit!), et introduisent des flocons dans tous les instertices des vêtements et sacs. De plus, cela complique la prise des échantillons, il faut tout tenir en même temps pour ne pas les voir s'envoler. Or, il faut enlever les gants, sortir les pincettes, la pissette d'éthanol, le sachet ou tube stérile, prendre une photo, écrire le numéro et une description dans un carnet..
Le matin, nous allons près d'un lac où Jeroen fait un forage. Cependant, tout est vraiment très gelé et je prends juste un échantillon de gravier, par principe. En allant voir où en est Steve, Alain glisse malencontreusement et force quelquechose au niveau du mollet. Nous revenons à la cabine vers midi, pour reprendre des forces. L'après-midi, nous allons de l'autre côté de la moraine.
Je me dis que les conditions sont vraiment trop hostiles et glacées pour qu'il y ait de la vie à la surface, et je commence à regarder sous la surface des rochers. Je cherche des rochers où il y a des morceaux qui s'écaillent un peu. Je remarque que des roches de couleur rouge foncé ont une concentration plus forte de telles 'écailles'. D'après Steve, il s'agirait de rochers de gneiss qui sont plus érodés que la majorité des autres rochers de gneiss. Avec les pincettes, je détache les 'écailles' et j'ai la bonne surprise de découvrir des lisérés verts ou noirs. Certainement, des cryptoendolithes.
Dommage que Imre ne soit plus de ce monde, pour lui envoyer les photos/échantillons et en discuter. L'échantillonnage est compliqué car les tâches colorées sont poudreuses et adhèrent au rocher. Il faudrait une sorte d'aspirateur, comme celui que Cyrille utilise pour ses collemboles. Il me dit qu'il faudrait cependant l'adapter pour empêcher que j'avale l'alcool!
Je suis très contente de cette idée de détacher les morceaux de rocher, c'est probablement le seul environnement supportable dans cet endroit si glacé et venteux! Malheureusement, le générateur d'électricité ne fonctionne plus car la pince pour changer la bougie n'est pas celle qui convient. Donc, je ne pourrai pas tester le microscope de terrain que nous avons emmené pour l'essayer, et nous n'aurons plus de chauffage.
Le soir, Benoit réussit à réchauffer la délicieuse blanquette de veau sous vide sans faire brûler le fond. Jeroen et Cyrille retournent au lac pour nous ravitailler en eau, et essayer un truc pour essayer de voir si les invertébrés sont réellement absents, comme tout semble le montrer. Cyrille veut mettre un échantillon de sol dans l'eau et voir si des petites bêtes en sortent pour flotter à la surface. Cependant, il fait déjà sombre et l'eau gèle immédiatement. Entretemps, les filles ont déjà transformé la cabine en couchette.
Annick Wilmotte
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