vendredi 27 février 2009

Samedi, 14 février 2009 - Annick Wilmotte

Pour pouvoir donner un coup de main l'esprit tranquille, je commence la matinée en m'occupant de mes échantillons. Avec le cargo de l'Ivan Papanin, est arrivé un petit congélateur commandé par Elie Verleyen, du labo de Gand qui est coordinateur de BELDIVA. Après des discussions téléphoniques l'an dernier avec Jean-Louis Tison, pour savoir comment il faisait pour transporter ses carottes de glace congelées sans risques, j'avais retenu son idée de faire le transport dans un congélateur. Je pensais que le risque était réel que nous soyons retenus à Novo par le mauvais temps, par ex. (l' intuition féminine me semble de bon conseil!). Faire un trou dans la glace pour y placer nos échantillons semblait fort compliqué, alors que connecter un congélateur au réseau électrique semblait plus réalisable. Jean-Louis me disait qu'il n'y avait pas besoin d'attendre longtemps pour remettre un tel appareil en marche, après qu'il soit descendu de l'avion, et qu'il n'avait jamais eu de problèmes. Donc, Jeroen et Cyrille sont allés chercher le congélateur dans le container 29, où tout le matériel scientifique arrivé en bateau est rassemblé et ils l'ont raccordé dans le container-bureau, à côté de notre container scientifique. Je vais donc chercher mes sachets et tubes dans le trou fait dans la neige à côté de ma tente et où j'ai précieusement conservé mon butin. Je colle une étiquette avec le numéro pour avoir deux manières d'identifier l'échantillon, un numéro sur le plastique et l'étiquette. De plus, les paquets sont mis dans un sachet plus grand, pour éviter la mésaventure que nous avions eu il y a 10 ans lors du projet MICROMAT. Il y avait eu de l'humidité et certains sachets avaient collé à la carboglace au point de se déchirer quand on les prenait ou de rendre les identifications illisibles. Je remplis finalement 2/3 d'un tiroir. En même temps, j'ai fait des préparations microscopiques de certains échantillons intéressants, car il est possible que des visiteurs passent par le container lundi matin pour voir des organismes au microscope. D'ailleurs, pour cette éventualité, j'avais demandé à Gigi s'il serait possible d'avoir du vernis à ongles. Non pas pour une séance de manicure (bien que ce serait utile, mes ongles partent en morceaux ici), mais pour sceller les préparations et pouvoir les garder plus longtemps. Nous n'avons pas reçu à temps la caméra commandée, et donc, j'essaie de faire des photos rudimentaires en plaçant l'objectif de mon appareil le plus près possible de l'oculaire. Je vois notamment des Coleodesmium (gros filaments avec gaines brunes, des mousses et filaments de champignons provenant de lichens, ainsi qu'un tardigrade (petit invertébré).



En outre, Alain a demandé aux scientifiques de se concerter pour faire une courte présentation dimanche vers 14H sur tous les projets et en ce qui me concerne, de faire aussi des dias sur le projet de glaciologie qui a eu lieu en novembre-décembre. J'écris un courriel à Jean-Louis Tison et Frank Pattyn en leur demandant une courte description mais pensant, que probablement je n'aurai pas la réponse à temps, je reçois des photos de René Roberts et un texte écrit par Jean-Louis pour un blog par l'intermédiaire de Nathalie Pattyn. Avec ces matériaux, je fais deux dias, en espérant que cela reflète bien leur projet. Je me rends ensuite à la station pour aider à décharger un container de mobilier, chaises, tabourets, coussins.... La station devient de plus en plus confortable et donne envie de s'y retrouver!
Ce matin, Gigi m'avait donné une pierre qu'elle a trouvé sur l'arête rocheuse et qui est couverte de boulles noires un peu caoutchouteuses. J'ai vu au microscope que ce sont des mousses! Nous pensons essayer de retourner à l'endroit durant une pause de l'après-midi. Or, je voudrais aussi reprendre des photos de la surface qui me semble intéressante à utiliser comme point de référence pour le futur. Et je me dis que le ridge est sans doute encore bien plus libre de neige que lors de ma dernière visite dimanche dernier.



Je n'y ai aussi encore jamais regardé s'il y avait de l'érosion et la possibilité de cryptoendolithes. Il me faudrait vraiment compléter ces lacunes avant l'inauguration! Du coup, vers 18H30, je pars vers le ridge en me disant que c'est maintenant ou jamais. Je prends des photos, quelques échantillons et utilise mon couteau suisse pour l'insérer sous les marques d'érosion et voir s'il y a des communautés vivantes. Ces écailles apparaissent d'ailleurs plus jaunes que le granit intact. Parfois, effectivement, il y a des lignes vertes, noires ou blanches en-dessous.

Donc, il y a des organismes sous une couche minérale ici aussi! Ce qui aurait été intéressant de discuter avec Imre Friedmann, c' est 1) la définition précise des cryptoendolithes car ici, quand je les trouve, c'est qu'il y a déjà des lignes de fragilité dans le rocher. Donc, les organismes auraient pu utiliser ces microfissures existantes pour s'introduire, et non pas dû s'insérer entre des cristaux ou vraiment pénétrer une roche compacte, 2) l'interaction entre microorganismes et l'érosion. On parle parfois de 'bioérosion', et suppose que les communautés peuvent fragiliser la roche encore plus fort que s'il n'y avait que les conditions de gel et climat. Le soir, il fait très froid et venteux, car le soleil est proche de l'horizon à cette heure là, et les températures descendent sensiblement. Quand Gigi vient me proposer d' aller sur le ridge juste avant le repas, je suis vraiment trop fatiguée et ait envie d'un bon repas chaud.
Le soir, les scientifiques se retrouvent et Steve centralise les dias pour faire une présentation la plus homogène possible. On nous donne 10 mins mais cela semble bien difficile avec 9 sujets!

Annick Wilmotte

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